Après un Enfin pris ? qui bouclait par un drôle de retour sur soi le cycle « Les médias, leurs turpitudes et moi », Pierre Carles pointe sa gueule enfarinée sur le chantier du travail et, comme dit l'autre, il y a du boulot. Il joue là collectif : ce nouveau film est un montage d'entretiens réalisés par Stéphane Goxe et Christophe Coello avec des chômeurs et chômeuses fiers de l''être. En prime, des morceaux divers : les plus anciens remontent aux années 70, les plus récents empruntent à des films de Carles... encore à venir. Cet effet patchwork donne du rythme à l'ensemble. L''essentiel et la matière la plus polémique tiennent dans les témoignages de ces repentis du travail pour qui, à l'évidence, une telle rupture a signifié soulagement. De tels cas, Pierre Carles et ses acolytes ne font pas une généralité, mais un petit drapeau à planter sur la marmite néolibérale. La valeur du film est aussi dans le débat qui devrait suivre. Ce n'est pas un luxe à l'heure où, de sa chaire cathodique, l'abbé Raffarin (cité ici dans une longueur plus cruelle que flatteuse) sermonne tout un chacun, sans se contenter de seulement prêcher à ses ouailles du Medef, sur l'amour sacré de la valeur travail.