Jeudi
26 avril
Voyage
à Bordeaux à l’invitation des anarchistes de la CNT-AIT. Un
journaliste de Libération a fait le déplacement. J’en
viens à parler du journal de critique des médias PLPL-Pour
Lire pas Lu lancé avec quelques amis et dont le dernier
numéro est consacré à « Libération en liquidation ».
Extrait : « Riche en reniements, le parcours
de Libération éclaire autre chose que le destin étriqué
d’un petit journal de bourgeois espérant dissimuler sous des
“audaces” sexuelles et culturelles leur impeccable conservatisme
économique. Car Libération fut aussi le laboratoire d’une
métamorphose. Celle d’une gauche passée à droite qui aime le
bio, les boutiques pour “bobos”, et qui réserve au peuple le
bâton policier, les hypermarchés javellisés et les joies de
la précarité. » Le journaliste de Libération
n’y trouve rien à redire. On lui a commandé un portrait de moi
à l’occasion de la sortie de La
Sociologie est un sport de combat. Évoquera-t-il PLPL
dans son article ? Dans l’après-midi, j’expliquais les
mécanismes de censure et d’autocensure à un public composé pour
l’essentiel de jeunes journalistes.
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Vendredi
27 avril
Message
d’un dénommé Olivier Nicklaus m’annonçant que son hebdomadaire,
Les Inrockuptibles, me donne « carte blanche ».
Il ignore probablement ce que nous pensons de son journal dans
PLPL : « Le parcourir, c’est recevoir
en pleine figure un thermomètre-catalogue des idées en vogue
directement extrait de l’anus d’une petite bourgeoisie parisienne
à prétentions culturelles. […] Entre carte blanche à
Pierre Bourdieu et adulation de Daniel Cohn-Bendit, space
cake et sans-papiers, le journal vogue son inexistence tranquille.
Il récupère et il digère, ventre mou de la gauche molle. »
Sont-ils vraiment disposés à me donner « carte blanche » ?
Selon mon interlocuteur, on peut tout écrire à condition de
ne pas trop insulter sa publication. Mais s’agit-il d’une insulte
à l’égard de Sylvain Bourmeau, des Inrockuptibles, que
d’affirmer, comme PLPL l’a écrit, qu’il « a profité
de l’éviction sans indemnités de plusieurs journalistes de France
Culture pour exiger que Laure Adler, ancienne groupie de Mitterrand
et de Riboud, lui confie une émission quotidienne de “débats”
idéologiquement calibrée » ? Non, c’est la vérité.
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Samedi
28 avril
Montage
d’une séquence d’Enfin pris ? où l’on découvre Daniel
Schneidermann, animateur de télévision, se montrer conciliant
avec le patron d’une firme multinationale. Je visionne une conversation
téléphonique où Arnaud Viviant, un des collaborateurs d’Arrêt
sur images, qualifie Daniel Schneidermann de « petit
roquet aux dents longues ». Daniel Schneidermann apprendra
en lisant ce numéro des Inrockuptibles ce que son cher
confrère pense de lui.
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Dimanche
29 avril
Relecture
d’un texte de Jean Genet consacré à la Fraction armée rouge
(L’Ennemi déclaré, Gallimard). Il opère une distinction
fondamentale entre « la brutalité du système » et
« la violence » des guérilleros de la RAF (Baader
et Meinhof). Il écrit : « Et plus la brutalité
sera grande, plus le procès infamant, plus la violence devient
impérieuse et nécessaire. » Voici quelques années,
les puissants ne pouvaient se montrer trop brutaux à l’égard
des dominés sans aller au devant de graves déconvenues. C’est
ce qui est arrivé à Georges Besse, le patron de Renault, exécuté
par Action directe pour avoir provoqué des dégâts sociaux dans
son entreprise.
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Lundi
30 avril
Parution
du portrait dans Libération. Comme prévu, Emmanuel Poncet
n’a pas parlé du numéro de PLPL consacré à « Libération
en liquidation » dans son article.
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Mardi
1er mai
Parution
de Charlie Hebdo. Pas une seule ligne sur mon dernier
film 1.
Son rédacteur en chef n’a toujours pas digéré le fait d’avoir
été qualifié de « faux impertinent » et son
hebdomadaire de « dépliant publicitaire de Daniel Cohn-Bendit
durant les élections européennes, puis de l’OTAN lors de la
guerre au Kosovo » (PLPL, n°
zéro). Pauvre Val.
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Mercredi
2 mai
Sortie
de La Sociologie est un sport de combat. Dernières paroles
de Pierre Bourdieu dans le film : « On peut
brûler des voitures, mais avec un objectif ». Il n’y
a plus qu’à trouver l’objectif.
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1.
Val a depuis parlé du film de Pierre Carles, mais sans citer
son réalisateur (Charlie Hebdo, 16.05.01). [ndlr]
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